Le blog de

Lays Farra



16/12/2022

[Je ne sais pas si je suis toujours convaincu des réflexions que j’étale ci-dessous, tant mieux si vous y trouvez matière à réflexion mais il ne faut probablement pas trop prendre tout ça trop au sérieux. Si vous voulez simplement me dire que mes dessins sont moches pour me vaincre en combat singulier dans le cyberespace, vous trouverez une de mes illustrations un peu plus bas — en plus de celle qui illustre le haut de cette page.]

 

 

Peintres, illustrateurs, dessinateurs… Ces derniers temps je vois les artistes en ligne s’agiter. Internet leur a permis d’atteindre leur public, se constituer des fans, obtenir des commandes et des emplois, bref : de se vendre. Tout cela est en péril. Ce n’est pas la première fois, et on verra d’autres agitations les secouer.

D’abord, comme toutes les professions «indépendantes» il y a eu la réalisation douloureuse d’à quel point cette indépendance est relative. Twitter héberge leur réseau de fans et de collègues, un hébergement qu’on perçoit de plus en plus incertain de jour en jour entre les mains du grand génie Elon Musk. Les litanies grandiloquentes habituelles se sont succédé, nous comparant avec plus ou moins d’humour au naufrage du Titanic. Les petits comptes qui se lamentent de n’être pas parvenus à la célébrité, les gros comptes qui lamentent tous les followers accumulés en pure perte, et qui n’auront pas le temps d’échanger ces jetons contre de véritables avantages maintenant que le casino ferme en avance. (Il y a de grandes chances que le casino ne ferme pas du tout, mais nous sommes très dramatiques)

L’autre grande secousse : l’art produit par intelligence artificielle (IA) frappe à la porte de manière de plus en plus insistante. L’amélioration impressionnante des résultats les rend de plus en plus à même de passer pour des illustrations professionnelles, et de nombreux générateurs d’image par IA sont devenus bien plus ouverts au public et utilisables par tout un chacun, laissant loin derrière la mince curiosité soulevée par Deep Dream jadis. Entrez quelques mots clés décrivant ce que vous voulez et le programme génère une image avec une précision parfois inquiétante. On les estime assez bonnes pour faire les assets de jeux vidéos, ou pour générer un livre pour enfants un peu moche, ou une affiche pour du ballet. Elles commencent à gagner des concours (semi-amateurs, certes), illustrer le chapeau des articles de presse, les couvertures de romans de Christopher Paolini ou ceux de Veronica Roth (traduite chez Michel Lafon), sans oublier les vignettes de youtubeurs. Tant d’images vont être industrialisées, et tant d’imageurs vont devenir redondants. Ce bélier puissant frappe à la porte. Les gonds de la citadelle tiennent encore, dit-on, mais pour combien de temps ?

Les artistes en ligne se sont bien alignés, ils sont bien En Ligne, mais arriveront-ils à tenir la Ligne ? (Pardon, il fallait bien que je justifie un titre à cet article, oublions-le ensemble.)

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11/05/2015

 

Et si les réacs voulaient juste une société jolie ?

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