Je ne crois pas à la médecine. Je ne crois pas à l’astrologie.
En vérité, dit le compère avec surprise. Coictier riait d’un rire forcé.
Vous voyez bien qu’il est fou, dit-il tout bas au compère Tourangeau. Il ne croit pas à l’astrologie.
Victor Hugo, Notre-Dame de Paris (1831), Livre V, chap. I, « Abbas Beati Martini »
Chercher des présages dans les astres est une très ancienne pratique, mais déjà aux époques reculées elle a suscité les doutes, sur sa manière de déduire des prophéties du mouvement régulier des étoiles ou sur le déterminisme qu’elle impliquait avec toutes sortes de conséquences philosophiques.
Pour me remettre à bloguer plus régulièrement, je me suis dit que j’allais rassembler ici quelques occurrences.
Favorinus (~80/90-160) cité par Aulu-Gelle
J’ai un jour entendu, à Rome, le philosophe Favorinus disserter en langue grecque, avec autant de clarté que d’élégance, contre ces charlatans qui sous le nom de Chaldéens et de généthliaques, se vantent de pouvoir révéler l’avenir d’après le mouvement et la position des astres. Était-ce pour exercer et montrer son talent, ou parce que telle était son opinion sérieuse et réfléchie ? je ne saurais le dire ; toujours est-il qu’en sortant je me hâtai d’écrire les principaux points et arguments de la discussion, aussi fidèlement que je pus me les rappeler. Les voici à peu près :
Cette science des Chaldéens, disait-il n’est pas aussi ancienne qu’ils veulent le faire croire, et ne remonte pas à ceux qu’ils en donnent comme les auteurs et les maîtres : l’invention de tout cet amas de prestiges et de fourberies appartient à des gens sans aveu qui demandent à un art mensonger du pain et de l’argent.
Ils ont d’abord remarqué que sur la terre certaines choses subissent l’influence du ciel ; que l’océan, par exemple, croît et décroît alternativement, selon les phases diverses de la lune, et ils ont conclu de ce phénomène que, petits et grands, tous les événements d’ici-bas sont enchaînés aux étoiles, et en suivent facilement les mouvements : conséquence tout à fait ridicule et déraisonnable ; car, de ce que les fluctuations de l’océan correspondent aux variations de la lune, peut-on induire, par exemple, que le jugement du procès d’un particulier avec les riverains pour un cours d’eau, avec un voisin pour un mur mitoyen, soit inscrit dans le ciel ? Admettons néanmoins que les choses terrestres soient réglées par une puissance divine ; la brièveté de la vie peut-elle permettre à l’esprit de l’homme, quelque vaste qu’on le suppose, d’embrasser et de sonder ces rapports du ciel et de la terre ? Il hasardera quelques conjectures παχυμερίστερον, pour employer l’expression de Favonius, sans s’appuyer sur aucune donnée scientifique ; tout sera incertain, vague, contraire, comme la vue des objets qu’un grand intervalle confond et nous dérobe. La principale différence entre les dieux et les hommes serait anéantie, s’il était donné aux hommes de prévoir aussi l’avenir. D’ailleurs les observations astronomiques elles-mêmes, cette prétendue base de leur science, sont loin d’être bien assises. Si les premiers Chaldéens, au milieu de leurs vastes plaines, ont, d’après l’examen du mouvement et du parcours, des séparations ou des conjonctions des étoiles, conclu certains rapports, exercez leur science, mais seulement sous la même latitude. Appliqué sous des latitudes différentes, le système des Chaldéens n’est plus qu’une hypothèse. Qui ne voit, en effet, l’infinie variété de parties et de cercles que produit dans le ciel la forme inclinée et convexe du monde ? Les étoiles, dont l’influence règle, suivant eux, les destins du ciel et de la terre, n’envoient pas partout à la fois le froid ou le chaud, mais varient la température selon les lieux, et, au même instant, produisent ici le calme, ailleurs les orages. Pourquoi donc leur action sur les événements ne serait -elle pas différente en Chaldée et en Gétulie, sur les bords du Nil et du Danube ? Quelle inconséquence, de croire que l’atmosphère change d’état et de nature selon les latitudes, et que les étoiles nous envoient toujours des présages uniformes sur les choses humaines, de quelque point de la terre qu’on les observe ! Enfin, ne faut-il pas s’étonner de voir tenir pour certain que les étoiles qu’on appelle communément erraticae, planètes, et que Nigidius nomme errones, que ces étoiles, dis-je, observées par les Chaldéens et les Babyloniens, ou, si l’on veut, par les Égyptiens, ne sont pas en plus grand nombre, qu’on ne le dit. Peut-être existe-t-il d’autres planètes, sans la connaissance desquelles la science ne peut être qu’incertaine et incomplète, mais que l’excès de leur éclat ou de leur éloignement ne permet pas à l’œil de distinguer. Certains astres, visibles de certaines parties de la terre et connus des habitants de ces contrées, sont invisibles et entièrement inconnus au reste des hommes. Admettons cependant qu’on ait dû se contenter des étoiles des Chaldéens et de leur point de vue exclusif, quel a été le terme assigné à l’observation ? Quel espace de temps a-t-on jugé suffisant pour déterminer les présages attachés à leur réunion, leurs révolutions ou leur passage ? L’astrologie a sans doute procédé ainsi : on a d’abord observé l’état, la figure, la position des étoiles à la naissance de tel homme, ensuite, depuis ce premier moment jusqu’à la fin de sa vie, on a remarqué sa fortune, ses mœurs, son naturel, les circonstances au milieu desquelles il s’est trouvé, on a pris note de toutes ces choses à mesure qu’elles se sont produites, et de cette observation particulière, on a conclu qu’un homme quelconque, né longtemps après, sous les mêmes phénomènes célestes, aurait la même destinée. Or, si tel a été le mode d’observation adopté pour fonder l’art de l’astrologie, l’épreuve n’a pas été suffisante. Combien d’années, en effet, ou plutôt combien de siècles ne faut-il pas pour pouvoir, d’après les mêmes phénomènes, vérifier la première observation ? Tous les astrologues s’accordent à reconnaître qu’il faut une suite d’années innombrable et presque infinie pour retrouver, dans la même situation respective qu’à leur point de départ, les étoiles dites planètes, qui gouvernent fatalement le monde : il n’est pas d’observations qui aient pu se continuer, pas de livre qui ait pu en garder la trace et le souvenir aussi longtemps. Il est encore un fait dont il faut bien, après tout tenir compte : au moment de la conception, les constellations ne sont pas les mêmes qu’à l’époque de notre naissance, dix mois plus tard : comment donc donner ces pronostics contradictoires pour le même individu, si comme le soutiennent les astrologues, nos destinées varient selon la disposition et le mouvement des mêmes étoiles ? Déjà même, à l’époque du mariage et de la cohabitation des époux, la position fatale des astres a dû décider du caractère et du sort des enfants à naître. Que dis-je ? Bien avant même la naissance du père et de la mère, on a dû tirer de leur horoscope celui des enfants qu’ils mettraient un jour au monde, et, ainsi de suite, en remontant indéfiniment : de telle sorte que, si leur science a quelque fondement de vérité, cent siècles avant nous, ou plutôt depuis la formation du ciel et de la terre jusqu’à nos jours, les astres ont pu, par signes successifs et se renouvelant de génération en génération, présager la destinée de tout enfant qui naît aujourd’hui, mais comment croire que la disposition de chaque étoile ne soit destinée qu’à déterminer le sort d’un seul homme et que cette disposition ne se représente qu’après une immense étendue de siècles, tandis que, à chaque génération et, par conséquent, à de très courts intervalles, les signes d’une personne se renouvellent et se compliquent indéfiniment, toujours les mêmes, sous des constellations toujours différentes ? Si cela est possible, s’il est nécessaire d’observer ces présages divers depuis les temps les plus reculés pour connaître le sort de ceux qui naîtront un jour, cette diversité jette le trouble dans les observations et confond tous les calculs de la science.
Favorinus aurait encore pardonné aux astrologues leur opinion sur les accidents qui nous viennent du dehors ; mais il ne leur pardonnait pas d’y subordonner la pensée de l’homme, sa volonté, ses caprices, ses désirs et ses répugnances, les élans inattendus et les retours non moins soudains de l’âme qui, dans les plus petites choses, nous portent vers un objet ou nous en détournent. Ainsi, disait-il, vouloir aller au bain, puis ne plus vouloir, puis vouloir encore, tout cela n’est pas le résultat d’une volonté inconstante et capricieuse, mais d’une rotation nécessaire avec les astres errants ; les hommes ne sont plus, comme l’on dit, des animaux raisonnables, mais des jouets, de ridicules marionnettes, sans spontanéité, sans liberté, que les étoiles mènent et dirigent à leur gré. Si l’on a pu prédire, comme ils l’affirment qui du roi Pyrrhus ou de Manius Curius remporterait la victoire, qu’ils osent donc nous dire qui gagnera dans cette partie de dés, de dames ou d’échecs ? Est-ce qu’ils savent les grandes choses et ignorent les petites ? les petites sont-elles moins perceptibles que les grandes ? S’ils revendiquent les événements importants comme plus apparents et plus faciles à percevoir, je leur demanderai alors ce que, au milieu du vaste spectacle de l’univers et des œuvres admirables de la nature, nos intérêts si mesquins et nos destinées si courtes peuvent leur offrir de grand ? Je leur adresserai encore une autre question : Si l’instant où l’homme naissant reçoit sa destinée est si court et si rapide, que plusieurs ne peuvent voir le jour au même instant, sous la même influence manifeste, pour le même avenir ; si, pour cette raison, deux jumeaux même sont prédestinés à un sort différent, puisqu’ils ne sont pas venus au monde dans le même instant, par quel moyen, par quelle divination, je le demande, pourront-ils calculer, distinguer cet instant, qui vole et échappe même à la pensée ? N’avouent-ils pas que, dans la succession précipitée des jours et des nuits, les plus courts moments enfantent de grands changements ? Enfin, que pourrait-on dire contre ce fait, que des individus de tout âge et de tout sexe, nés sous des mouvement planétaires différents, dans des régions très éloignées l’un de l’autre, périssent tous ensemble, en même temps et de la même mort, dans un abîme, sous les ruines d’un édifice, dans le sac d’une ville ou le naufrage d’un même vaisseau : ce qui n’arriverait jamais assurément, si la destinée particulière de chaque personne dépendait de l’instant de sa naissance ? Dira-ton que, si ces personnes sont nées à des époques différentes, un même concours de planètes a pu amener postérieurement, dans leur vie et leur mort, quelque ressemblance et quelque égalité ? Mais pourquoi n’en résulterait-il jamais une entière conformité ? Pourquoi un même concours de planètes ne donnerait-il pas à la fois plusieurs Socrates, plusieurs Aristons, plusieurs Platons dont la nature, le corps, l’esprit, les mœurs, la vie et la mort seraient en tout semblables ? Cela est tout à fait impossible : donc ce moyen est insuffisant pour expliquer comment la mort est la même après que la naissance ne l’a pas été. Favorinus consentait, du reste, à faire grâce aux Chaldéens de cette autre question : Si l’homme, la vie, la mort et tous les événements ont leur causes, leur raison et leur temps arrêtés dans le ciel et parmi les astres, que dire des mouches, des vermisseaux, des hérissons et de mille très petits animaux qui vivent sur la terre et dans la mer ? Les mêmes lois président-elles à leur naissance et à leur mort ? Voilà ce que les astrologues obligés de reconnaître ou que les destinées des grenouilles et des moucherons dépendent aussi des mouvements des corps célestes ; ou, s’ils exceptent les animaux, d’expliquer pourquoi les astres ont une action sur l’homme et n’en ont pas sur les autres êtres.
Pour moi, à peine ai-je sans ordre, d’un style sec et maigre, effleuré ces arguments. Favorinus, au contraire (grâce à son talent, grâce aussi à la force et à la richesse de la langue grecque), les développait avec agrément, éclat, abondance. Parfois il nous avertissait de bien nous tenir sur nos gardes, pour ne pas nous laisser séduire par quelques vérités que ces hypocrites sèment de temps à autre au milieu de leurs mensonges. Ils disent ce qu’ils n’ont ni compris, ni défini, ni perçu ; on croit les voir, dans le labyrinthe glissant de leurs conjectures, s’avancer pas à pas entre le vrai et le faux, comme s’ils marchaient au milieu des ténèbres ; et, tantôt à force de tâtonnements, ils tombent sur la vérité, inopinément et sans le savoir ; tantôt, profitant de l’excessive crédulité de ceux qui les consultent, ils arrivent adroitement jusqu’à la vérité : aussi le passé les embarrasse-t-il moins que l’avenir. D’ailleurs ces vérités, qu’ils doivent au hasard ou à la ruse, sont à leurs mensonges dans le rapport d’un à mille. Ces raisonnements, que j’entendis faire à Favorinus, trouvent appui dans plusieurs passages de nos vieux poètes, qui tous s’élèvent contre cet art de fraude et de mensonge. En voici un de Pacuvius :
S’il est des hommes qui prévoient l’avenir, ils sont égaux à Jupiter.
En voici un autre d’Attius :
Je ne crois point aux augures qui enrichissent de paroles les oreilles d’autrui, pour emplir d’or leurs maisons.
A l’exemple de ces poètes, Favorinus voulait détourner la jeunesse du commerce des généthliaques et de tous les charlatans de cette espèce, qui s’attribuent l’art merveilleux de connaître et de prévenir et, pour prouver qu’on ne doit jamais les consulter. Il concluait ainsi : Ils vous prédiront ou des biens ou des maux. Dans le premier cas, s’ils se trompent, une vaine attente vous rendra malheureux ; dans le second, s’ils se trompent aussi, une vaine crainte vous rendra encore malheureux.
Leurs prédictions sont-elles justes, mais défavorables, vous êtes malheureux par la pensée avant de l’être par le destin ; favorables, si elles viennent à se réaliser, il en résultera un double désavantage : l’attente vous fatiguera par les incertitudes, et lorsque le bonheur viendra, ce ne sera plus qu’un fruit flétri par l’espérance. Il ne faut donc jamais hanter les gens qui prédisent l’avenir.
Aulu-Gelle, Nuits attiques XIV.1
pseudo-Lucien de Samosate (IIe s. ?), De l’Astrologie :
Les Arcadiens sont les seuls qui se soient refusés à cette doctrine et qui ne fassent aucun cas de l’astrologie : ils sont du reste si fous et si ignorants, qu’ils se disent plus anciens que la lune. Ainsi nos ancêtres étaient fortement attachés à la divination. Mais à notre époque, les uns disent qu’il est impossible d’assigner un but certain à cette science, qu’elle ne mérite point notre confiance et ne dit jamais la vérité, que ni Mars ni Jupiter ne se meuvent pour nous dans les cieux, qu’ils se soucient fort peu des affaires humaines, qu’ils n’ont aucun rapport avec elles, qu’enfin ils roulent dans leur orbite, emportés par la fatalité. D’autres, sans taxer l’astrologie d’imposture, prétendent qu’elle est inutile, attendu que la divination ne saurait changer la décision des Parques. […]
pseudo-Lucien, De l’Astrologie §§26-28, trad. Talbot 1912.
Bardesane (~154-222) remarque que les Séres (probablement les Chinois), sont apparemment affranchis de l’influence des planètes qui les pousseraient à la violence et à la luxure, entre autres peuples qui montreraient les limites de l’astrologie :
Lois des Séres (Chinois). Il est défendu aux Sères de tuer, de forniquer, de servir les idoles, et dans tout le pays de Sir il n’y a pas d’idoles ni de courtisane ni d’homicide, bien qu’ils naissent tous les jours et à toute heure, et le puissant Mars, quand il est au méridien, ne contraint pas la liberté d’un homme pour lui faire verser le sang de son prochain avec une arme de fer.
Et Vénus placée près de Mars (en conjonction?) n’oblige aucun Sère à avoir commerce avec la femme de son prochain ou avec une autre femme. Mais il y a là des riches et des pauvres, des malades et des hommes sains, des maîtres et des serviteurs, parce que tout cela a été laissé à la puissance « des conducteurs.
Bardesane, Livre des Lois des Pays §35 trad. Nau 1899
Excerpta ex Theodoto, extraits du gnostique Théodote (actif entre 160-170 ?) insérés dans les œuvres de Clément d’Alexandrie qui parlent du fait que le Christ libère les croyants de l’influence des astres. (mais ils continuent de régner sur les autres apparemment)
Le Destin (Eimarmene) est la rencontre de Puissances nombreuses et opposées : celles-ci sont invisibles et n’apparaissent point ; elles règlent le cours des astres et gouvernent par eux. [2] Car, selon que chacun de ces astres se trouve arrivé à la première place, étant élevé dans le mouvement collectif du monde, il lui échoit la domination sur les êtres engendrés à ce moment décisif, comme s’ils étaient ses enfants. 70 [1] Ainsi donc, par les étoiles fixes et les planètes, les Puissances invisibles, véhiculées par ces astres, régissent les générations [ou : les « natifs »] et y président. [2] Quant aux astres mêmes, ils ne font rien : mais ils indiquent l’influence des Puissances dominantes, de même que le vol des oiseaux a une signification, mais ne produit rien. 71 [1] Ainsi donc, les douze signes du Zodiaque et les sept astres qui se déplacent sur eux, tantôt en « conjonction », tantôt en « opposition », astres « ascendants » <ou astres « cadents »>. . . [Lacune] : ces astres, mûs par les Puis sances, révèlent le mouvement de la substance aboutissant à la génération [ou : au « natif »] des êtres vivants et l’évolution de l’ensemble des « aspects ». [2] Et ces astres comme ces Puissances sont d’espèces différentes : « béné fiques » ou « maléfiques », « dextres » ou « senestres », dont la « conjoncture » produit l’engendré ; chaque être, par ces influences, a son « natif » à un instant qui lui est propre, l’élément dominant étant « réalisateur » des conditions de la nature, en partie au commencement <de la vie>, en partie durant la réalisation. ] A cette dissension et à cette bataille des des Puissances Puissances le Seigneur nous arrache et nous apporte la paix en nous <retirant> du front de combat des Puissances et des Anges, où les uns sont engagés pour nous, les autres, contre nous. [2] Les uns, en effet, en tant que serviteurs de Dieu, sont semblables à dés soldats qui combattent avec nous. Les autres ressemblent à des « brigands » ; car le Mauvais ne s’est pas ceint pour prendre l’épée de la part du Roi : c’est à son bénéfice que, dans sa démence, il s’est livré à ses déprédations. 73 [73,1] Ainsi, à cause des adversaires qui, par l’intermé diaire du corps et des choses extérieures, empiètent sur l’âme et l’hypothèquent pour l’esclavage, les Puissances de droite1 ne sont pas en mesure, en nous accompagnant, de nous sauver et de nous garder. [2] Elles n’ont pas, en effet, comme « le Bon Pasteur», la parfaite sollicitude : mais chacune est assez semblable « au mercenaire » qui, voyant le loup s’approcher, s’enfuit, nullement désireux de donner sa vie <comme le fait le Pasteur > pour ses propres brebis. [3] Et de plus, parce que l’homme, enjeu de la bataille, est un faible animal, il incline facilement vers le pire et donne son aide à ceux qui le haïssent : d’où résultent pour lui des maux plus grands encore.
Extraits de Théodote, trad. Sagnard 1948:193-5.
Autre texte gnostique, dans la Pistis Sophia (IVe siècle ?), Jésus fait tourner la sphère céleste en sens inverse une partie de l’année pour déjouer les prédictions des astrologues, semble-t-il :
« Et je changeai les heimarménés et les sphères qui sont leurs souveraines, et je les rendis pendant six mois tournées vers la gauche et accomplissant leurs influences, et pendant six mois tournées vers la droite et accomplissant leurs influences d’après le commandement du premier précepte, et d’après le commandement du premier mystère, Iaô, le gardien de la lumière, les avait placés regardant à gauche en tout temps, et accomplissant leurs influences et leurs fonctions Et il advint que lorsque j’arrivai à leurs régions, ils furent indociles à la lumière et en hostilité avec elle. C’est pourquoi je leur enlevai la troisième partie de leur force, afin qu’ils ne pussent accomplir leurs mauvaises pratiques, et je changeai les heimarménés et les sphères, les plaçant tournées à droite pendant six mois accomplissant leurs influences, et tournées à gauche pendant six mois. » Et quand le Sauveur eut ainsi parlé à ses disciples, il dit : « Que celui-là entende, qui a des oreilles pour entendre. »
Pistis Sophia, trad. Migne
Oracle chaldéen, qui pourrait remonter au IIe siècle :
Ne te mets pas en tête les prodigieuses mesures de la terre ; car il n’est pas sur notre sol de plante de vérité. Ne prends pas non plus la mesure du soleil, en compilant des tables [astronomiques] : il se meut par le vouloir éternel du Père, non à cause de toi. Laisse le vrombissement de la lune : elle court toujours par l’œuvre de la nécessité. La procession des astres n’a pas été enfantée en ta faveur. Dans l’éther les larges plumes des oiseaux ne sont jamais véridiques, non plus que dans les sacrifices les sections des entrailles : toutes ces choses ne sont que des jeux, soutiens d’une tromperie commerciale. Toi, fuis cela, si tu veux ouvrir le paradis sacré de la piété, où vertu, sagesse et bonnes lois se rassemblent
Oracle Chaldéen 107, tiré de Michael Psellos, trad. Hoffman (2021) à partir de l’édition O’Meara (1989), cf. aussi Tardieu 2014, sur l’occurrence du concept de « paradis ».
Sebastian Brant, Narrenschiff (1494)
Aujourd’hui les superstitieux
Prédisent d’après les étoiles
Bien fou qui veut s’y fier
D’observer les astres
Est un fou qui veut nous prédire
Ce qu’il n’est de force à savoir
Ou n’est capable d’accomplir
Prédire revient au médecin
Mais le fou prévoit pour un jour
Plus que la terre n’en peut faire […]
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