« Pale was the wounded knight, that bore the rowan shieldLoud and cruel were the ravens’ cries that feasted on the fieldSaying « Beck water cold and clear will never clean your woundThere’s none but the Witch of the Westmoreland can make thee hale and soond » […] »
Vais réessayer de faire quelques projets d’illustrations, Encretobre approche après tout.
Il m’est arrivé au moins deux fois de prendre une expression finalement très littérale pour une expression poétique et imaginaire. Bien sûr je croyais que cette poésie servait à transmettre un message concret, mais je passais à côté du fait que l’auteur se référait à quelque chose qui s’était littéralement produit tel qu’il le chantait.
« En la Marche de Gaule » sont les premiers mots du Lancelot propre qui introduisent le royaume de son père Ban de Bénoïc et de son oncle Bohort de Gaunes, à la bordure de la Gaule et de la « Petite Bretagne ».
J’aime beaucoup la littérature arthurienne, et j’anime une émission mensuelle dessus depuis près de deux ans maintenant.
« Nous tirerons l’épée là-bas, sur le sable que couvre la marée, et qui, six heures par jour, est le territoire de la France, mais pendant six autres heures le territoire de Dieu. »
(Le Vicomte de Bragelonne, chap. XCIV, “Une foule de coups d’épée dans l’eau”)
Je voulais profiter d’avoir enfin fini d’illustrer cette trilogie après quatre ans pour dire un mot dessus. Bien que son roman de 1844, Les Trois Mousquetaires, soit peut-être le l’oeuvre la plus connue de Dumas, les deux suites qu’il lui écrivit sont moins lues, marquent moins la mémoire — cependant je les aime beaucoup pour la mise en perspective qu’ils accomplissent — au-delà de leurs qualités littéraires que j’apprécie déjà.
Je n’ai jamais eu de profondes affinités avec la musique, et je le regrette un peu. Certes, je ne me suis jamais beaucoup investi dans le solfège scolaire et obligatoire, mais mes enseignants n’aidaient pas beaucoup : je me rappelle qu’une fois la consigne fut que les gens à ma gauche chanteraient la partie aigue, à ma droite la partie grave, et moi, étant hors des bornes de ces deux intervalles fermés, ne chanterait simplement pas. Zigzaguant dans les tribus adolescentes qui tentaient de circonscrire leur identité par ce qu’on y écoutait, métal, rap ou techno, j’étais une tranche de pain blanc de goût musical, où je n’écoutais pratiquement rien et aimait encore moins de choses. J’avais hérité une radio d’une grande-tante, et dans le bord de la bande FM j’écoutais de la musique classique aléatoire. J’avais un lecteur CD sur lequel j’écoutais les Quatre Saisons de Vivaldi, mais surtout les Deux Minutes du Peuple ou quelque Sagas MP3. Je n’étais pas très aventureux de ce côté là et je garde de tout ça un certain complexe d’infériorité face aux amateurs de musique.
“They would be small. Only children to your eyes, unshod but clad in grey.”
(Lord of the Rings, TT, III, chap.2, The Riders of Rohan)
[originellement publié ici et là]
Le Seigneur des Anneaux, un livre pour enfant ?
J’arrête pas de dire que j’adore les livres pour enfants, mais je serais bien en peine de définir cette catégorie.
Il y a certes un certain consensus pour classer Harry Potter, Tobie Lolness, les Chroniques de Narnia, A la Croisée des Mondes, etc. parmi ceux-ci. Sorcier! est vendu comme tel, mais soyons sérieux, il n’en a que le ton.
Aussi quand je suis tombé sur cet article qui disait que le Seigneur des Anneaux en est un. Je suis partiellement d’accord, mais uniquement parce qu’il semble clairement établir que sa définition de «livre pour enfant» se résume plus ou moins à «y’a pas de sexe ni de relativisme moral» et dans ces conditions, oui, le Seigneur des Anneaux, manque, en général, de l’un et l’autre.
Est-ce que ça en fait un livre pour enfants ? Si vous le prenez dans le sens de “les enfants peuvent le lire”, bien sûr que oui ! On l’a tous lu quand on avait dix ans, bordel ! L’absence de sexe fait que les parents tolèrent qu’on le lise ainsi que la mention “dès dix ans” sur la tranche. Socialement c’est acceptable pour les Petites Personnes que nous étions, ça aide.
Si par contre vous comprenez livre pour enfants dans le sens de “EXCLUSIVEMENT pour des enfants PARCE QU’IL EST IMPARDONNABLE que des adultes aiment ça, puisque nous avons décidé de dénigrer tout ce qui était enfantin”[1] il est normal que vous soyez offusqué, à l’image d’Alan Moore qui dit que les comics sont pour des enfants dégénérés (Oh The Cruel Weight Of Irony).
Quand on dit que c’est de la nourriture pour les cochons on n’en pense généralement pas du bien, mais il n’empêche que les cochons, dans les fait, mangent n’importe quoi. Quand on use de cette expression c’est pour dire “ce que les cochons mangent et que nous ne mangeons pas”. Il convient d’être clair : je ne vais pas faire de ce texte un long plaidoyer pour expliquer que les adultes devraient abandonner aux enfants le Seigneur des Anneaux.
Cela participe d’une culture qui veut que l’enfance se passe dans la facilité, l’âge adulte dans le dépassement de soi et l’astreinte : on lit des GROS PAVÉS, ça c’est de la VRAIE LITTÉRATURE, pas comme HARRY POTTER HARK HARK HARK
Et plutôt que de dénigrer les jeunes lecteurs de cette oeuvre[2], en les estimant quantité négligeable, je vais essayer d’aborder ce qui fait que le Seigneur des Anneaux est un bon livre pour enfants.
Bien sûr le texte de Stephen Pond est con, aussi. Il suppute des intentions vague à Tolkien, qui, si elles ont un peut-être un fond de vrai, tiennent plus du persiflage que de la critique.